Donc 12h30 nous voilà arrivés au Neuvième Art, chez Christophe Roure. Fraîchement débarqué sur Lyon depuis les contrées de Saint-Just-Saint-Rambert où il avait fait des miracles, ce virtuose de la cuisine a posé son piano dans le quartier des Brotteaux, au 173 de la rue Cuvier, et ce fut bien là, en ce samedi 17 janvier 2015, qu’il nous joua sa plus belle partition, sans aucune fausse note.

Les violons furent sortis dès la mise en bouche : tartines aux céréales, mousse foie gras, noix, noisettes et figues ; puis croquettes topinambour, châtaignes ; et enfin boulettes de chevreuil, foie gras. Prélude de saveurs étonnantes et excitantes, arrosé par un champagne Jacquesson 738 de bon aloi.

Puis la symphonie débuta et ce furent les vins qui rythmèrent les mouvements. Le premier fut marin et accompagné d’un vin Apremont de 2013, la cuvée Thomas du domaine Blard : fabuleux saumon d’Ecosse enveloppé d’écume, millefeuille frais à la bergamote et caviar Kristal ; grosse langoustine bretonne pochée dans un bouillon safrané, artichaut violet et croûte d’épices.

L’adagio fut servi avec un vin rouge de Maranges, le 1^er cru La Fuissière de2011 du domaine Bachelet-Monnot : Saint-Jacques fraîches et truffe noire melanosporum ‘comme des œufs à la neige’, puis Poularde de Bresse conique, risotto de légumes-racines. Les palais furent tellement ravis que certains regrettèrent qu’il n’y eût un deuxième cône volatile !

Le temps venu, les fromages frais ou affinés furent accompagnés d’un côtes du Rhône 2013 de chez Ogier. Puis le rondeau des desserts acheva de nous conquérir : une Panacotta, pina colada, coulis ananas, mousse au lait précéda une variation sur les textures praliné et chocolat, accompagnée d’un sorbet mandarine.

A n’en pas douter, Christophe Roure maîtrisa ses gammes de main de maître ce jour-là. Le chef d’orchestre qui nous gratifia de sa présence pour la photo de famille prit le temps de faire le tour des différentes tables en fin de repas, pendant que le service, impeccable à son image, servait cafés et digestifs.

Le Neuvième Art, c’est sûr, porte bien son nom, même si notre tout nouveau président s’essaya en début de repas à un discours dont lui seul connaît le secret et virevolta entre les plats et les tables, nous démontrant, s’il en était encore besoin, que les artistes, ce jour-là, ne furent pas que derrière le piano et que nous fîmes de bons choix !

Rassasiés et des étoiles pleins les yeux, nous rangeâmes nos tabliers couleur lie de vin pour la dernière fois et quittâmes par petits groupes épars le noble établissement. Les plus prudents, après une journée bien remplie, regagnèrent leurs pénates, tandis que les plus turbulents poussèrent jusqu’aux Halles pour de nouvelles aventures…

Texte H.H.
Photos G.P.,A.B.,O. Rom & M.C.